J’ai commencé par réaliser quelques portraits de femmes pour illustrer leur page Wikipédia, dans le cadre du projet des « sans pages », dont découle celui des «sans images ».
Le projet des « sans pages » est né du constat que les biographies de femmes représentaient seulement 14 % des biographies sur Wikipédia en 2016. L’objectif est donc d’accroître leur visibilité et elles représentent désormais 19 % des biographies.
Le projet « sans images » en est une déclinaison, faisant appel à des illustrateurs et illustratrices afin de compléter les biographies sans photos, pour contribuer à mieux faire connaître ces femmes remarquables. Avec une règle propre à Wikipédia, site collaboratif : les images deviennent libres de droit.
Le dessin numérique m’a semblé le plus adapté à ce projet.
J’ai choisi les premiers portraits réalisés au gré des rencontres et découvertes de femmes de Touraine incroyables. J’ai découvert des personnalités ou parcours qui m’ont touchée. J’ai eu envie de leur rendre hommage à travers mon dessin, en y insufflant de la vie, en les mettant en lumière et en beauté. J’ai souhaité mettre dans ces portraits du caractère, en donnant à voir leurs qualités, leurs engagements. C’est ma petite contribution, pour leur rendre honneur, pour leur assurer un peu plus de visibilité, pour contribuer à les faire mieux connaître.
N’ayant pas le temps de mener un travail de recherche d’archives approfondi, je me suis heurtée à la rareté ou pauvreté des sources, trouvant parfois sur Internet une seule photo de mauvaise définition, peu valorisante, seule image visible sur ce média d’une femme remarquable.
J’ai eu la chance de bénéficier d’autres sources, et notamment les photos et portraits issus des précieux livres de Sylvie Pouliquen : Femmes de l’ombre en Touraine et Dames de Touraine, volumes 1 et 2. Ces ouvrages ont nécessité un travail incroyable et Sylvie Pouliquen valorise ces vies de femmes de Touraine, issues de toutes les époques, et aux parcours multiples.
Quand les sources sont plus nombreuses, une autre question s’est posée à moi : quelle image choisir pour illustrer une vie, et quand cette vie, comme celle de Thérèse Planiol, a duré 99 ans, faut-il la représenter dans ses années de jeunesse, femme mature ou âgée ? La concernant, je n’ai su trancher…et elle méritait bien deux portraits 🙂 !
En parallèle de cette démarche qui se poursuivra, tant il y a de figures féminines à sortir de l’ombre, j’ai eu envie, pour cette exposition, de réaliser les portraits de femmes de mon entourage dont j’admire les qualités, talents et engagements.
Ma liste est longue et je n’aurais pas eu le temps, au moment de monter cette exposition de toutes les représenter !
Ces portraits-là ne sont pas libres de droits, j’en conserve la propriété intellectuelle et je les offre à mes modèles, que je remercie infiniment d’avoir accepté d’être embarquées dans ce projet.
Les réalisant, j’ai touché à un autre aspect complexe de l’art du portrait, qui vient interroger l’image de soi. Pour celui qui crée, s’offre une palette d’approches : être le plus « réaliste » possible ou porter une intention ? Se démarquer d’une photographie ? Figer l’instant ou une expression ? Y mettre une touche de subjectivité ? Interpréter ? Transfigurer sans trahir ? Le résultat est celui de la projection de mon regard sur chacune de ces belles personnalités. Pour celle qui est représentée, cela suppose accueillir ce regard.
Ainsi, sont réunies au sein de cette exposition , par le biais ma subjectivité, des femmes d’horizon, d’époques, et de contextes différents, mais qui ont comme point commun de susciter ma grande estime.
Bérangère Rouchon-Borie, novembre 2023